Voir le résumé
De nos jours, la conception avant-projet en aéronautique repose majoritairement sur des modèles
numériques faisant interagir de nombreuses disciplines visant à évaluer les performances
de l’avion. Ces disciplines, comme l’aérodynamique, la structure et la propulsion, sont connectées
entre elles afin de prendre en compte leurs interactions. Cela produit un processus d’évaluation
des performances de l’avion coûteux en temps de calcul. En effet, une évaluation peut prendre de
trente secondes pour les modèles de basse fidélité jusqu’à plusieurs semaines pour les modèles
de plus haute fidélité. De plus, à cause de la multi-disciplinarité du processus et de la diversité
des outils de calcul, nous n’avons généralement pas accès aux propriétés ou au gradient de cette
fonction de performance. En outre, chaque discipline utilise ses propres variables de conception
et doit respecter des contraintes d’égalité ou d’inégalité qui sont souvent nombreuses et multimodales.
On cherche finalement à trouver la meilleur configuration possible dans un espace de
conception donné.
Cette recherche peut se traduire mathématiquement par un problème d’optimisation boite noire
sous contraintes d’inégalité et d’égalité, aussi connues comme contraintes mixtes, dépendant
d’un grand nombre de variables de conception. De plus, les contraintes et la fonction objective
sont coûteuses à évaluer et leur régularité n’est pas connue. C’est pourquoi, on s’intéresse
aux méthodes d’optimisations sans dérivées et particulièrement celles reposant sur les modèles
de substitution. Les méthodes d’optimisation Bayésienne, utilisant des processus gaussiens, sont
notamment étudiées car elles ont montré des convergences rapides sur des problèmes multimodaux.
En effet, l’utilisation d’algorithmes d’optimisation évolutionnaire ou reposant sur le gradient
n’est pas envisageable du fait du coût de calcul que cela implique : trop d’appels pour générer
des populations de points, ou pour approcher le gradient par différences finies.
Cependant la méthode d’optimisation Bayésienne est classiquement utilisée pour des problèmes
d’optimisation sans contrainte et de faible dimension. Des extensions ont été proposées
pour prendre en compte ce verrou de manière partielle. D’une part, des méthodes d’optimisation
ont été introduites pour résoudre des problèmes d’optimisation à contraintes mixtes. Toutefois,
aucune d’entre elles n’est adaptable à la grande dimension, aux problèmes multi-modaux et aux
contraintes mixtes. D’autre part, des méthodes d’optimisation ont été développées pour la grande
dimension pouvant aller jusqu’aumillion de variables de conception. De même, ces méthodes ne
s’étendent que difficilement aux problèmes contraints à cause du temps de calcul qu’ils nécessitent
ou de leur caractère aléatoire.
Une première partie de ce travail repose sur le développement d’un algorithme d’optimisation
Bayésienne résolvant les problèmes d’optimisation sans contrainte en grande dimension. Il repose
sur une stratégie d’apprentissage adaptatif d’un sous-espace linéaire réalisée conjointement
à l’optimisation. Ce sous-espace linéaire est ensuite utilisé pour réaliser l’optimisation. Cette méthode a été testée sur des cas tests académiques.
Une deuxième partie de ce travail traite du développement d’un algorithme d’optimisation
Bayésienne pour résoudre les problèmes d’optimisation multi-modaux sous contraintes mixtes. Il
a été comparé aux algorithmes de la littérature de manière intensive sur une grande batterie de
tests académiques.
Finalement, on a confronté le second algorithme à deux cas tests aéronautiques. Le premier
cas test est une configuration classique d’avion moyen-courrier à propulsion hybride électrique
développé par l’ONERA et l’ISAE-SUPAERO. Le second cas test est une configuration classique
d’avion d’affaire développée par Bombardier Aviation. Ce cas test repose sur une optimisation
à deux niveaux de fidélité. Un niveau de fidélité conceptuel et un niveau de fidélité préliminaire
pour lesquels le problème est respectivement évalué en trente secondes et 25 minutes. Cette dernière
étude a été réalisée lors d’une mobilité internationale chez Bombardier Aviation à Montréal
(CA). Les résultats ont montré l’intérêt de la méthode mise en place